Comment investir en temps de crise ?

2024 paraît se placer dans le peloton de tête des années les plus difficiles sur le plan économique en France, risquant de plonger le pays dans l’incertitude et la récession. Il faut dire qu’avec la crise du logement, la hausse des taux d’intérêt, l’instabilité politique avec la dissolution de l’Assemblée Nationale et le contexte de la guerre en Ukraine, les éléments perturbateurs ne manquent pas. Face à ce contexte morose, comment faire fructifier son épargne et préparer son avenir financier ? Quels sont les placements les plus adaptés à la situation actuelle ? Voici quelques astuces pour investir en temps de crise et tirer son épingle du jeu.

1 – Les versements programmés : une solution pour lisser les fluctuations boursières

Investir en Bourse peut faire peur, surtout en période de crise. On craint de subir un krach, de perdre une partie de son capital, de mal choisir son point d’entrée. Pourtant, la Bourse reste un placement rentable sur le long terme, à condition de savoir s’y prendre.

L’une des solutions les plus efficaces pour atténuer les risques est de recourir aux versements programmés. Il s’agit d’investir régulièrement une somme fixe sur un ou plusieurs supports financiers, par exemple des fonds positionnés sur les actions françaises, européennes, américaines ou des marchés émergents. Ainsi, on achète parfois quand la Bourse est à un point haut, parfois quand elle est à un point bas, et on se retrouve avec un point d’entrée moyen. On lisse ainsi les aléas de marché, mais on profite quand même de la tendance des actions à long terme.

Prenons un exemple concret. Si vous aviez investi 6 000 € sur les 40 actions de l’indice CAC 40 en janvier 2020, vous auriez eu un peu plus de 5 600 € de capital en décembre 2020, soit une perte de près de 7 %. En revanche, si vous aviez placé 500 € chaque 1er du mois, vous auriez investi à la fois avant le krach, lorsque le CAC 40 était à un point haut (à 6 000 points) mais également après la chute. Vous auriez alors 6 690 € en décembre 2020, soit non pas une perte, mais un gain de 11 %. Les versements programmés ont ainsi permis de lisser les aléas de marché en profitant quand même de la tendance à long terme.

Focus sur le PEA

Un autre moyen de profiter des versements programmés est d’ouvrir un plan d’épargne en actions (PEA). Il s’agit d’un produit d’épargne réglementé qui vous permet d’investir dans un portefeuille d’actions d’entreprises européennes, tout en bénéficiant d’une fiscalité avantageuse.

Le PEA est composé d’un compte en espèces, sur lequel vous effectuez des versements en numéraire, et d’un compte-titres, sur lequel vous achetez des actions ou des parts de placements collectifs (OPCVM, SICAV, etc.). Le plafond de versement sur le PEA est fixé à 150 000 €, sauf pour le PEA-PME, dédié aux petites et moyennes entreprises, qui est de 225 000 €. Vous pouvez cumuler un PEA classique et un PEA-PME, dans la limite d’un plan par personne. Les couples mariés ou pacsés peuvent en ouvrir deux chacun.

Le PEA présente plusieurs avantages par rapport à un compte-titres ordinaire. Tout d’abord, les dividendes et les plus-values sont exonérés d’impôt sur le revenu, à condition de ne pas effectuer de retrait avant 5 ans. Ensuite, les frais de gestion et de courtage sont généralement plus faibles que sur un compte-titres ordinaire. Enfin, le PEA vous permet de diversifier votre épargne et de participer au financement de l’économie réelle.

2 – L’or : une valeur refuge en période de crise et d’inflation

L’or est souvent considéré comme une valeur refuge en période de crise et d’instabilité. Il offre une protection contre l’inflation, la dévaluation des monnaies, les conflits géopolitiques, les crises financières… Il permet également de diversifier son portefeuille et de diminuer sa volatilité. L’or a ainsi connu une forte hausse depuis le début de l’année, atteignant 2 000 $ l’once, soit 1 835 €, au plus haut depuis août 2020. La guerre en Ukraine, les craintes d’une inflation forte et durable, les tensions entre les États-Unis et la Chine… Autant de facteurs qui ont soutenu la demande d’or.

Pour investir dans l’or, il existe plusieurs possibilités. On peut acheter de l’or physique, sous forme de lingots, de pièces ou de bijoux. Mais attention, cette solution implique des frais de stockage, de transport, d’assurance, et une fiscalité peu avantageuse.

On peut aussi opter pour de l’or papier, c’est-à-dire des produits financiers qui répliquent la performance de l’or, comme les trackers, les certificats, les contrats à terme… Ces produits sont plus liquides, plus accessibles, et moins coûteux que l’or physique. Enfin, on peut investir dans des sociétés minières, qui produisent ou exploitent de l’or. Il s’agit alors de miser sur la rentabilité et la croissance de ces entreprises, qui bénéficient de la hausse du cours de l’or.

Mais attention. Ce matériau précieux n’est pas un placement sans risque. Il peut connaître des baisses importantes sur certaines périodes, comme entre 1980 et 2000, où il a perdu 75 % de sa valeur (source : Contrepoints)  ! Il ne verse pas de dividendes ni de coupons, et son rendement réel dépend de l’évolution des prix. Il n’est donc pas recommandé d’investir tout son patrimoine dans l’or, mais plutôt d’en détenir une petite partie, de l’ordre de 10 %, pour se protéger contre les crises et diversifier son portefeuille.

3 – L’immobilier : un rempart contre l’inflation et un effet de levier du crédit

La pierre est réputée comme un bon rempart contre l’inflation. Historiquement, les prix de l’immobilier sont plutôt corrélés à l’évolution des prix à la consommation. Par ailleurs, l’inflation n’affecte pas le rendement réel d’un placement immobilier, car les loyers sont généralement indexés sur l’indice des prix. Les propriétaires bailleurs peuvent donc choisir de corréler leurs loyers à l’inflation.

L’immobilier présente aussi l’avantage de pouvoir être financé à crédit. Grâce à l’effet de levier, on peut utiliser sa capacité d’endettement pour décupler la valeur de son patrimoine avec l’aide de la banque. Par exemple, si on emprunte 200 000 € à 3 % sur 20 ans pour acheter un bien immobilier qui vaut 250 000 €, et que ce bien prend 2 % de valeur par an, on aura au bout de 20 ans un patrimoine de 407 000 €, en ayant remboursé 286 000 €. On aura donc gagné 121 000 €, soit un rendement annuel de 8,5 %.

Le secteur du foncier offre de multiples possibilités d’investissement. On peut acheter sa résidence principale, pour se constituer un patrimoine et réduire ses dépenses de logement. On peut investir dans le locatif, pour percevoir des revenus complémentaires et bénéficier de dispositifs de défiscalisation. On peut aussi opter pour la “pierre-papier”, c’est-à-dire des parts de sociétés civiles de placement immobilier (SCPI), qui permettent d’investir dans l’immobilier professionnel sans souci de gestion et pour une mise de départ faible.

L’immobilier n’est pas non plus un placement sans risque. Il implique des frais d’acquisition, de gestion, d’entretien, de copropriété… Il est soumis à la fiscalité des revenus fonciers, qui peut être lourde. Il est aussi sensible à la conjoncture économique, à la demande locative, à la qualité du bien et de son emplacement. Il est donc important de bien choisir son investissement dans la pierre, en tenant compte de ses objectifs, de son horizon de placement, de sa situation personnelle et financière.

Investir en temps de crise n’est pas impossible, ni déconseillé. Au contraire, c’est souvent dans ces moments difficiles que se présentent les meilleures opportunités. Mais, quel que soit l’investissement choisi, il reste important de se faire accompagner par un conseiller financier pour vous aider à optimiser votre stratégie patrimoniale.